Contextualisation. L’épreuve d’ESH à HEC n’échappe pas à la règle: de nombreux sujets sont étroitement liés à l’actualité économique et sociale. Vous le savez probablement déjà, HEC aime beaucoup les traitements chronologiques pour les dissertations d’économie. Les bonnes copies de concours en témoignent. J’en ai vu pas mal qui faisaient des plans chronologiques. Par contre, pour que le plan chronologique soit bien “rémunéré” il faut mettre plein d’anecdotes croustillantes et de petites théories sympa dans le développement de la dissertation d’ESH.
HEC 2016, sujet d’ESH : Les États ont-ils encore à arbitrer entre l’inflation et le chômage.
Analyse pour la dissertation d’économie : Ce sujet était un peu vicieux ! Beaucoup de candidats ont cru que c’était un sujet « pour ou contre la courbe de PHILLIPS » et ont donc fait le traitement suivant : I) KEYNES, les keynésiens, la relation de PHILLIPS et la courbe de PHILLIPS (SAMUELSON & SOLOW) , II) Le tournant monétariste et la critique de la courbe de PHILLIPS par FRIEDMAN (Inflation et système monétaire, 1968), LUCAS ou encore SARGENT et III) Actualité de la courbe de PHILLIPS. Je pense que pour pas mal de correcteurs le grand I d’un plan comme ça aurait été considéré comme hors sujet et aurait conduit à une note très moyenne (comme beaucoup de gens ont dû faire la faute, elle n’a peut-être pas été sanctionnée trop lourdement). Attention à bien analyser les mots du sujet ! Dans ma formation « Comment gagner 5 points en dissertation d’HEC » j’explique justement comment un de mes élèves a réussi à choper un 19/20 à cette épreuve en évitant de tomber dans les pièges et en identifiant les points faciles à prendre (la copie est téléchargeable dans la formation).
HEC 2015, sujet d’ESH: Institutions et développement depuis le début du XIXe siècle.
Analyse pour la dissertation d’économie : Il fallait savoir définir « institution »… Je pense qu’une grande partie de la note s’est jouée sur la capacité à définir le terme central du sujet, ici « institution ». Connaître des références élémentaires sur les institutions comme NORTH, FOGEL ou OSTROM aurait été bien. Une fois institution définie (pour info, les institutions c’est tout simplement l’ensemble des règles formelles ou informelles qui structurent les interactions entre les humains), le sujet n’était plus très difficile. Il fallait aussi évidemment passer par les institutions (et organisations) internationales comme le Fonds Monétaire International (FMI) ou la Banque Mondiale que WILLIAMSON rassemble dans l’expression « Consensus de Washington ».
HEC 2014, sujet d’ESH : Équité et libre-échange depuis le début du XIXe siècle.
Analyse pour la dissertation d’économie : Avec institution (2015) ,Administration publique (2013) et crédibilité (2012) on sent qu’HEC a fait un réel effort ces dernières années pour coincer toutes celles et ceux qui n’étaient pas béton de chez béton sur les définitions ! Je te conseille de bien mettre les définitions des concepts de base dans ton kit de survie. Le site La Toupie définit l’équité comme “L’équité est un sentiment de justice naturelle et spontanée, fondée sur la reconnaissance des droits de chacun, sans qu’elle soit nécessairement inspirée par les lois en vigueur”. Un plan I) oui c’est compatible, II) Non c’est mal barré et III) faut faire des réformes/ajustements pouvait passer pour ce sujet. Comme pour institution, ne pas savoir bien définir le terme clé du sujet aurait été super discriminant. En particulier pour les bacs S (lire l’article “Pourquoi les bacs S ratent l’ESH en prépa HEC“)
HEC 2013, sujet d’ESH: Administrations publiques et compétitivité depuis le début du XIXe siècle.
Analyse pour la dissertation d’économie : L’INSEE définit les Administrations publiques (APu) comme « l’ensemble des unités institutionnelles dont la fonction principale est de produire des services non marchands ou d’effectuer des opérations de redistribution du revenu et des richesses nationales. Elles tirent la majeure partie de leurs ressources de contributions obligatoires.”. Le genre de définition qu’on a tous vu au lycée… et qu’on a tous oublié ! Ça fait mal. Remplacer APu par État était juste trop grossier pour que ça passe, même on pouvait très bien utiliser les références du cours sur l’État. Je pense que parler de l’Allemagne sous BISMARCK, de l’ère MEIJI, du rôle de Sergei WITTE en Russie aurait été top pour le XIXème siècle. Pour le XXème siècle : le MITI, le gaullisme ou encore le soutien actif à l’innovation à partir des années 1980 (proche des théories de la croissance endogène de ROMER, LUCAS et BARRO). Ce sujet était aussi évidemment solidement ancré dans l’actualité : pôles de compétitivité, CICE, French Tech étaient autant d’éléments qu’on pouvait citer. Ou encore le rôle de la sécurité sociale (la santé était une des composantes du capital humain chez Gary BECKER…) et de la fiscalité (Irlande, Allemagne).
HEC 2012, sujet d’ESH : La crédibilité des accords monétaires
Analyse pour la dissertation d’économie : Tu peux retrouver ici l’analyse d’une copie qui a eu 15/20 à ce sujet. Attention dans un sujet comme celui-ci de ne pas essayer d’arnaquer le jury ! Les accords monétaires et le Système monétaire international ce n’est pas la même chose ! Définir accords monétaires en mettant juste la définition du SMI et en espérant que le mec ne va rien griller c’est franchement douteux comme stratégie. Je te suggère d’éviter ce type de prise de risque. Dans ma formation « Comment gagner 5 points en dissertation d’ESH » j’explique justement comment définir ce genre de concept et surtout comme ne pas tomber dans des pièges. Dernier élément : peu de candidats ont pensé à citer des accords monétaires nationaux (en plus des accords internationaux comme l’Union Latine, Bretton Woods ou encore le traité de Maastricht de 1992). Je pense que c’est pourtant une super idée pour rendre le traitement du sujet encore plus percutant.
HEC 2011, sujet d’ESH : Sorties de crise.
Analyse pour la dissertation d’économie : Psssst ! il y avait un « S » à la fin de sortieS mais pas à la fin de crise ! Attention à bien lire l’intitulé du sujet avant de foncer tête baissée dans son analyse. Je pense que la difficulté d’un tel sujet était que les manuels de prépa se focalisent surtout sur les causes des crises et sur les mécanismes qui les déclenchent (MINSKY, KINDLEBERGER) et moins sur comment elles se terminent. Parmi les références facilement mobilisables sur ce sujet on avait les théoriciens des cycles (KITCHIN, JUGLAR et KONDRATIEFF) mais aussi toute la pensée keynésienne pour qui la sortie de crise passe par l’action contracyclique de la puissance publique (KEYNES, MYRDAL, LERNER). Un modèle IS/LM était donc aisément mobilisable.
HEC 2010, sujet d’ESH : Le rôle de l’or dans l’économie mondiale depuis le XIXe siècle dans une perspective historique.
Analyse pour la dissertation d’économie : C’est un sujet faussement vicieux ! L’or était partout dans l’actualité en 2008, 2009 et 2010. L’or était la valeur refuge face à la crise des subprimes et sa valeur avait atteint des sommets. Certains financiers comme John PAULSON ont gagné des milliards en pariant sur l’or pendant le déclenchement de la crise. La question de l’or est donc en partie financière (actif financier, spéculation, valeur refuge). L’or est aussi et surtout relié aux chapitres sur la monnaie (monnaie métallique, puis fiduciaire, puis scripturale) et sur le système monétaire international (bimétallisme or-argent, puis système de l’étalon or, puis le système de Gênes et enfin le système de Bretton Woods avec ses fameux 35$ l’once d’or). Un plan chronologique était tout à fait envisageable avec I) Le rôle de l’or dans la constitution des systèmes monétaires nationaux et internationaux, II) la dématérialisation de l’or et l’apparent délaissement de ce métal III) Le grand retour de l’or comme valeur refuge à l’heure où le système monétaire et financier international (SMFI) est au bord de l’implosion. On peut aussi poser les questions d’un éventuel retour à l’étalon or ou plus largement d’une réflexion sur le SMFI aujourd’hui avec les pistes de réformes pour le stabiliser.
HEC 2009, sujet d’ESH : Peut-on parler d’un apprentissage des politiques économiques de la part des gouvernements depuis le début du XXe siècle ?
Analyse pour la dissertation d’économie : C’est assez rare pour HEC ! En 2009 le sujet ne portait pas du tout sur le XIXème siècle qui est d’emblée exclu du traitement. À mes yeux ce sujet est un des plus durs posés à HEC au cours de ces 10 dernières années. Avant la crise de 2009, on aurait pensé que oui, les politiques économiques avaient atteint un degré de maîtrise des enjeux macroéconomique. Paul KRUGMAN (Pourquoi les crises reviennent toujours) raille l’hybris de la science économique qui croyait au début des années 2000 avoir réussi une bonne fois pour toutes à contrôler les cycles et l’activité économique. En réalité, il n’y avait que trop peu de maîtrise, et la croissance des années 2002-2007 n’était tirée que par une politique monétaire laxiste qui a contribué au gonflement de la bulle des subprimes. On retrouve cette idée chez KRUGMAN mais aussi chez Larry SUMMERS (2013). On avait une idée similaire chez FRIEDMAN et SCHWARTZ dans leur Histoire monétaire des États-Unis quand ils reprochaient à la Fed d’avoir causé la crise de 1929 !
En revanche on peut noter l’efficacité de la réaction des politiques économiques face à la crise avec la redécouverte et l’utilisation des préceptes et des outils keynésiens qu’ils soient conventionnels (politique monétaire de baisse des taux d’intérêt directeurs, relance budgétaire) non conventionnel (Quantitative Easing) ou même quelque peu innovant (relance coordonnée).
HEC 2008, sujet d’ESH : Les ressources naturelles : obstacle ou moteur pour la croissance économique ?
Analyse pour la dissertation d’économie : Ce sujet pourrait bien retomber sous une forme différente en intégrant davantage de notion d’écologie et de développement durable. Pourquoi ce sujet tombe en 2008 ? Le pétrole avait atteint un pic historique en 2008. Il était tellement cher qu’on estimait que cela allait inciter les agents économiques à basculer vers de nouvelles sources d’énergie plus écologiques (Daniel BELL). La même année le prix du pétrole s’est effondré avec le déclenchement de la crise des subprimes. Ce n’était pas un sujet facile, il fallait être capable de mobiliser plein de chapitres différents (innovation, développement, croissance, entreprises…). J’explique comment faire cela dans ma petite formation.
HEC 2007, sujet d’ESH : La lutte contre la pauvreté depuis le début du XIXè siècle dans les pays développés.
Analyse pour la dissertation d’économie : Le sujet de 2007 tend vers la sociologie. On pourra donc piocher dans les cours sur la mobilité sociale, l’exclusion, la mobilité sociale, l’état providence ou encore la sécurité sociale. À nouveau une petite difficulté. Celle de définir pauvreté. L’INSEE propose la définition suivante : « Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté.”. Comme seuil on prend souvent 60% de la médiane des niveaux de vie. Notons d’emblée que la pauvreté, tout comme la richesse, est très relative. On est toujours le pauvre ou le riche de quelqu’un et il existe de nombreuses rivalités mimétiques (pour reprendre le concept du philosophe René GIRARD). L’avantage de cet intitulé de sujet est qu’il reste très ouvert et que par conséquent de nombreux plans sont possibles et faciles à déployer.
HEC 2006, sujet d’ESH : L’émergence des nouveaux pays industriels est-elle un frein à la croissance des pays avancés ?
Analyse pour la dissertation d’économie : 2006 c’est l’année où le géant indien de la sidérurgie, MITTAL, prend le contrôle du groupe français ARCELOR lors d’une bataille boursière qui est restée dans les annales. L’année est placée sous le signe de la menace des nouveaux pays industrialisés (NPI) ! Aujourd’hui, l’expression à la mode serait plutôt BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). La crainte de la concurrence des PED (via leur travailleurs et leurs entreprises) n’est pas récente. Elle commence dans les années 1970 et le déploiement de la seconde mondialisation (Suzanne BERGER). On peut voir le face-à-face entre les PED et les PDEM de trois manières : 1) la concurrence défavorable aux PDEM (jeu à somme nulle), 2) comme un non-problème pour les PDEM et une menace pour les PED avec des théoriciens comme Samir AMIN ou encore Celso FURTADO (jeu à somme nulle) 3) Comme une opportunité pour les deux (jeu à somme positive). Enfin, se pose la question de mesures à mettre en place pour favoriser la coopération entre PED et PDEM (gouvernance internationale) et surtout à venir en aide aux « perdants de la mondialisation » (PIKETTY) dans les deux pays, si on ne veut pas déraper dans une guerre commerciale. Avec l’élection de Donald TRUMP, ce sujet revient d’actualité !!
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[…] avoir analysé les sujets d’ESH tombés à HEC depuis 10ans, c’est le tour de l’ESSEC. L’ESSEC a le don de mettre des épreuves d’ESH un zeste […]